Un sur-titre - Le titre de la page courante

Publié le 8 avril 2025
Lecture : 2 min.

Un cas de conscience au tribunal, un voyage fantastique sur les restes du colonialisme et une romance entre deux langues, sont les films à voir cette semaine au cinéma.

Les films qu’on peut voir cette semaine

Le Fil

Un avocat miné par le doute accepte de défendre un père de famille nombreuse accusé d’avoir tué sa femme, alcoolique. Faire acquitter ce coupable désigné devient son combat obsessionnel. S’emparant d’une authentique affaire relatée par le défunt avocat et blogueur lillois Jean-Yves Moyart, Daniel Auteuil a curieusement choisi de la transposer en Camargue, et aussi de jouer le rôle principal, bien proche de celui qu’il tenait dans « Un silence », de Joachim Lafosse, où il était plus marquant.

Ce film de facture classique sur le vacillement de la vérité au tribunal vaut surtout par son épilogue, qui lui donne sa force. Les seconds rôles Grégory Gadebois, Gaëtan Roussel ou Aurore Auteuil volent la vedette à Auteuil père…

Dahomey

En novembre 2021, 26 trésors du royaume du Dahomey, pillés par la France en 1892, étaient rendus au Bénin. Vingt-six objets dont la caméra suit le voyage de retour, du musée du Quai Branly, à Paris, au palais présidentiel de Cotonou.

Réalisatrice du superbe « Atlantique », Grand Prix à Cannes en 2019, la FrancoSénégalaise Mati Diop s’entend à mettre en scène les fantômes, les puissances de la nuit, les séquelles de la colonisation. Elle va ici jusqu’à donner à une sculpture de roi une voix d’outre-tombe poétique et oraculaire. Le procédé peut étonner ou envoûter. Le film a été réalisé avec la bénédiction de la présidence du Bénin, et le débat final avec les étudiants, qui apporte une bouffée d’air, a en fait été organisé sur mesure. Cela n’a pas empêché ce « documentaire fantastique » et esthétique d’être couronné par l’Ours d’or à Berlin.

Le Léopard des neiges

Protéger l’animal en voie de disparition ou le paysan qui en est victime ? Les autorités de cette province reculée du Tibet défendent la première proposition, au contraire de la famille de l’éleveur. Un léopard des neiges a sauté dans la fosse où il garde des béliers et en a égorgé neuf ! Le fauve ne peut remonter, et les villageois le guettent avec des bâtons. Trois journalistes pas très futés filment l’événement. Pour tout arranger, le frère de l’éleveur, qui est moine, pense communiquer par la pensée avec la bête…

Pittoresque fable écolo du Chinois Pema Tseden. Si l’histoire est linéaire, l’alliance du fantastique et de décors somptueux fascine.

Langue étrangère

Comment communiquer et se comprendre, voire s’aimer, quand on parle deux langues différentes ? Claire Burger signe un joli film sur le pouvoir des mots, contant l’histoire de deux ados, l’une française, l’autre allemande, obligées de vivre sous le même toit pour cause d’échange linguistique. C’est l’occasion pour la réalisatrice, née à la frontière allemande, d’exprimer son admiration pour l’Allemagne, pays de tolérance et d’ouverture. Mais aussi de raconter une histoire d’amour où les mots, précisément, sont des paravents et ouvrent des fausses pistes. « Langue étrangère » est également un beau film sur le mensonge.

Les films qu’on peut voir ou revoir

Juvenile Court

Frederick Wiseman, qui excelle à explorer les coulisses des lieux clés de l’existence, obtient en 1973 le droit de filmer les séances de travail et les auditions se déroulant à l’intérieur du tribunal pour enfants de Memphis (Tennessee).

On voit tout dans ce magnifique documentaire : la peur, les regrets, la hantise de l’échec, l’énigme des silences, la volonté de rééduquer, les bons sentiments qui n’aident pas à comprendre, l’indifférence criminelle. Une véritable « encyclopédie de l’humain », selon les organisateurs de la rétrospective en cours, mais aussi, et surtout, une formidable éducation au regard.

Les films qu’on peut voir à la rigueur

Silex and the City

Les nombreux amateurs de l’univers créé par le dessinateur Jul ne seront pas déçus : on retrouve dans ce long-métrage, de même que dans la BD et la série du même nom, un humour intello et décapant, des références, des clins d’œil et quelques messages chers à l’ex-dessinateur de « Charlie Hebdo », comme le droit au blasphème. François Hollande et Julie Gayet ont accepté d’y jouer et se sont, paraît-il, beaucoup amusés. Au moins, ça se voit !

Kill

Espérant retrouver sa chère et tendre à bord, Amrit, membre des forces spéciales, embarque dans le train de nuit pour New Delhi. Or une bande de bandits de grand chemin (de fer) met les wagons à sac et s’en prend à la jeune fille. Gare à la vengeance d’Amrit !

Combats ultra-violents, poignards enfoncés dans les yeux, crâne défoncé à coups d’extincteur comme dans « Irréversible » (2002), de Gaspar Noé… Mais aussi sentimentalisme à l’eau de santal : le héros est fleur bleue, et les balèzes pleurent comme des madeleines. Amrit finit par zigouiller les méchants au rythme des images sirupeuses de sa douce, qui le hantent… Est-ce ce cocktail transgressif qui a convaincu le réalisateur de la série « John Wick » de préparer un remake de ce film ?