Vite dit !

Touchante anecdote parlementaire, dans un portrait du « Figaro » (1/4) consacré au communiste André Chassaigne, qui jette l’éponge après avoir été réélu sans discontinuer depuis 2002 dans sa circonscription du Puy-de-Dôme. A l’époque où l’on se passait encore des petits mots en séance, il en avait adressé un à Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée : « Les petits vieux de ma circonscription ne savent peut-être pas que je suis en séance aujourd’hui. »

Message bien reçu, Debré l’apostrophant quelques minutes plus tard du haut de son perchoir, feignant la colère : « Monsieur Chassaigne, taisez-vous ! »

Ah, les petits arrangements entre l’UMP et le PC !

«Effet Trump sur l’industrie touristique ? » s’interrogent « Les Echos » (3/4). Le patron du groupe Accor, Sébastien Bazin, note une « forte décélération » des réservations pour les Etats-Unis, de l’ordre de « 25 % par rapport à l’an dernier ». Le syndicat des tour-­opérateurs évoque de son côté des « réservations pour la saison estivale (…) en chute libre ». Sans parler des incidents concernant des voyageurs étrangers malmenés par la police aux frontières ou du coût exorbitant de la vie chez l’Oncle Sam.

Se faire rabrouer à la douane, se faire plumer et en plus se faire insulter par Donald ? Que les volontaires lèvent le doigt !

Fin de séance : la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans la culture touche à sa fin, après six mois de travail et 108 auditions. Son rapporteur, le député MoDem Erwan Balanant, devrait présenter près de 90 propositions le 9 avril, dont plusieurs font suite à l’affaire de la Maîtrise des Hauts-de-Seine (« Le Canard », 10/7/24), telles que le conditionnement du financement public au respect d’engagements en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Le rapporteur devrait aussi proposer de « prohiber les photographies de mode sexualisant les mineurs », de « contrôler l’honorabilité » de tous les encadrants d’enfants, ou encore de « mettre les employeurs du secteur culturel face à leurs responsabilités », afin de « limiter les phénomènes d’omerta ».

Tout un programme…

Les révélations du « Canard » (2/4) sur la double vie de David Naulin, directeur d’un stage musical pour enfants, visé par plusieurs plaintes pour corruption de mineur, auront permis d’obtenir en quelques jours ce que les pouvoirs publics n’ont pas réussi à faire en plus de cinq ans : l’application d’un principe de précaution pour la protection de l’enfance, avec l’annulation du stage prévu le 5 avril au départ d’Aix-en-Provence. Michèle Sadok, présidente de l’association Fantastic Musique, a assuré, dans un courrier daté du 3 avril, que « le remboursement des sommes versées sera[it] effectué dans les meilleurs délais ».

C’était juste une question de tempo…

Il était l’un des fondateurs présumés du gang corse de la Brise de mer. Arraché prématurément à l’affection des siens (neuf tirs de balle de 9 mm) à Bastia, le 29 mars, Robert Moracchini, 65 ans, était connu des lecteurs du « Canard ». Notre chroniqueur judiciaire avait raconté son apparition en vedette au procès de Dijon, en 1985. Trois ans plus tôt, un flic l’avait repéré jetant à la rivière le pistolet qui avait servi à tuer le gérant d’une boîte de nuit. Mais, à la barre, le même policier avait été frappé d’amnésie, tout comme l’ensemble des témoins à charge, quand ils ne s’étaient pas fait porter pâles. Résultat : le jury de la cour d’assises l’avait acquitté, ainsi que ses présumés complices. Remarque, au passage, d’un avocat : « Quand je vais voir un client en prison pour étudier le dossier, il commence par me demander la liste des jurés… »

Moracchini aura vécu sa longue carrière de boss du milieu corse fier de son casier judiciaire immaculé comme la Vierge Marie. RIP…

Tous des toutous ? Le conseil départemental de la Marne croit aux vertus du dressage. Le 24 avril, les cadres sont conviés à une réunion au couvent Sainte-Marie, à Châlons-en-Champagne (Marne), qui n’a rien de spirituel. Pour serrer les rangs, le directeur général des services a eu la géniale idée d’inviter… un éducateur canin. Le thème de son intervention ? « Etre un bon maître : un référent et un leader compétent ». Les agents, ces chiens fidèles… Accompagné de ses compagnons à quatre pattes Mamba et U2, il glosera sur ce que « le comportement animal (…) peut nous apprendre des capacités relationnelles indispensables à un manageur ».

Genre remuer la queue en cas d’augmentation ?

Pascal Lamy, ancien patron de l’OMC, estime, dans « Libé » (28/3), que les mesures douanières prises par les Etats-Unis n’ont aucun sens économique. Il délivre au Potus (le président US) une ordonnance sévère : « Trump est aux Etats-Unis ce que le docteur Raoult était au Covid. Comme lui, il se trompe sur le diagnostic et pense qu’un remède miracle va faire l’affaire. » Puis conclut sa feuille de soins par ces mots : « On peut s’interroger sur l’existence d’un plan derrière son erreur et ses remèdes bidon. »

Et, sous le Capitole, la camisole ?

Les 25 et 26 mars, BFMTV est redevenue la première chaîne d’info devant CNews, grâce à sa couverture de l’affaire du petit Emile. Et voilà Pascal Praud fulminant dans le « JDD » (30/3) contre la presse, qui, selon lui, tient en la personne du grand-père son « coupable idéal » : « Pensez donc ! Un catholique ! Un catholique pratiquant ! Un catholique traditionaliste ! Traduisez : un électeur d’extrême droite (…). Philippe Vedovini est un mâle blanc, circonstance aggravante. »

C’est que, pour Pascal Praud, il s’agit là d’un simple « fait divers », rien à voir avec les « faits de société » que sont les « attaques au couteau dans les rues de Paris ou de France ». Ça, c’est l’actu, la vraie.

Enfin, surtout quand on est Praud-catho.

«Le temps adoucit tout », écrit Voltaire dans « L’Ingénu ». Et ce n’est pas Dominique de Villepin qui prétendra le contraire, lui qui se retrouve propulsé personnalité politique préférée des Français dans le baromètre Ifop-Fiducial pour « Paris Match » et Sud Radio (26/3), avec 54 % de bonnes opinions.

Oubliés, le contrat première embauche, la privatisation des autoroutes, les coups bas durant la guerre avec Sarko, ses liens louches avec la Chine ou le Qatar. Villepin a même réussi à conquérir la foule de la Fête de l’« Huma », en septembre dernier ; tout est pardonné. La route vers 2027 est grande ouverte, selon « Les Echos » (31/3).

Voire l’autoroute.

Le « silence »… C’est la paisible promesse d’une gamme de Sanibroyeur SFA dans une pub publiée par « Challenges » (20/3), et pas seulement dans son édition papier ! Les deux entreprises ont le même propriétaire, Claude Perdriel. Sur ces formidables toilettes, une idée chasse l’autre. Aussi le texte assure-t-il à l’heureux usager sur son trône d’« entendre le bruit de la mer et du vent ».

En même temps, c’est l’endroit !

Trump n’est pas rancunier avec Boeing : bien que l’avionneur n’ait pas été capable de ramener les astronautes envoyés à bord de la Station spatiale internationale, il a malgré tout été choisi pour développer l’avion de chasse de sixième génération de l’US Air Force, le F-47. Une autocélébration, Trump étant le 47^e président des Etats-Unis, et une aubaine pour Boeing, empêtré dans des scandales depuis le crash de deux 737 Max, en octobre 2018 et en mars 2019, qui avaient causé la mort de 346 personnes. Le président américain ne s’y est pas trompé, décrivant le futur F-47 comme l’« avion de chasse le plus létal jamais construit ».

C’est l’argument qui tue.

Le pape semble (provisoirement) tiré d’affaire, mais c’est loin d’être le cas pour les finances du Vatican (« Le Figaro », 21/3). En 2023, « 83,5 millions d’euros manquaient à l’appel pour boucler le budget. Ce trou financier avoisinait les 78 millions en 2022 et serait de près de 70 millions en 2024 ». Le tout sur un budget annuel « dont le périmètre est de l’ordre de 1,2 milliard d’euros actuellement ». D’où l’annonce de la création d’une « commission de donations pour le Saint-Siège », le 26 février – alors que François était hospitalisé.

Histoire de lui donner un peu d’air ?

Un nouveau mini-Trump en Europe, ça vous dirait ? Le « JDD » (23/3) a dégoté un client rêvé en la personne de Conor McGregor, star de MMA, les arts martiaux mixtes, qui a dans l’idée de se présenter à l’élection présidentielle irlandaise en octobre. Il s’est rendu à la Maison-Blanche, où il a déclaré, en marge d’une rencontre avec Trump et Musk : « L’Irlande est en train de perdre son identité. » Et le « JDD » de le décrire comme « un homme du peuple, fidèle à son quartier ». Pour finalement informer ses lecteurs, presque en catimini, que, « le 22 novembre dernier, un jury de 12 personnes l’a reconnu coupable de viol dans une affaire remontant à 2018 ».

Trumpiste jusqu’au bout.

On l’appelle intelligence artificielle, mais elle est souvent très bête. La preuve : plusieurs chatbots, et pas des moindres (ChatGPT, Gemini, Grok…) se contentent de répéter des contenus en s’appuyant « sur des modèles statistiques (…), sans comprendre ni le vrai ni le faux », selon une étude américaine (« Les Echos », 25/3). Il est donc possible de « les tromper en multipliant les mêmes (fausses) informations sur des milliers de sites ».

Ce qu’a bien compris la Russie, dont une officine de propagande, Portal Kombat, inonde Internet de portails d’information, publiant quelque « 10 000 articles par jour », eux-mêmes créés par l’IA, « dans plus de 40 langues ». IAvait qu’à y penser !

Toujours aussi sympa de trimer dans des mines en Afrique, surtout quand celles-ci sont artisanales (« Le Monde », 7/2) ! En Tanzanie, on travaille, pour un salaire de « 8 000 shillings tanzaniens (3 euros) par mois », « à la main, même avec des produits chimiques, sans protection. Si vous en demandez, on vous chasse du job ». Et, comme l’avait indiqué Amnesty International dans un rapport de 2016 au sujet des mines de cobalt de la République démocratique du Congo, on y trouve des enfants qui « travaillent jusqu’à douze heures par jour, portant des charges lourdes, parfois à partir de 7 ans ».

Tout ça pour fabriquer des smartphones sur lesquels les gosses des pays riches passeront eux aussi jusqu’à douze heures par jour.

Déjà épinglé en 2022 par le tribunal administratif de Montpellier pour la présence d’une crèche de Noël dans l’enceinte de l’hôtel de ville de Perpignan, Louis Aliot a cette fois été sommé de rebaptiser l’esplanade Pierre-Sergent. La justice estime que « cette dénomination [est] de nature à heurter significativement la sensibilité du public » (« Libé », 5/2).

Et pour cause : Pierre Sergent (1926-1992), le premier député FN des Pyrénées-Orientales, a œuvré au sein de l’OAS, dont il a été le chef d’état-major en métropole. Faut pas putscher…

L’ancien ministre du Travail d’Elisabeth Borne Olivier Dussopt vient d’être condamné pour favoritisme par la cour d’appel de Paris, aspergé par une histoire d’eau remontant à 2009, lorsqu’il était maire (PS) d’Annonay (Ardèche). Avant l’attribution du marché d’exploitation de la flotte, Dussopt, dit la cour, a communiqué « des informations privilégiées au directeur général de la Saur », l’un des postulants. Tarif : une amende ferme de 5 000 euros. Pas donné, le cas d’eau !

Avant ce jugement, le ministre Dussopt s’était illustré par deux hauts faits : avoir porté à 64 ans l’âge de départ à la retraite – il voulait revenir à 60 ans quelques années plus tôt – et avoir mené une campagne martiale contre les accidents du travail (deux morts, 100 blessés graves par jour) sans décrocher le moindre budget. En somme, un vrai champion du social qui n’hésite pas à se mouiller.

Rencontrant « Libé » (7/2), qui lui consacre sa une en raison de son combat contre la venue de Cyril Hanouna sur M6, l’animatrice Karine Le Marchand raconte avoir demandé à Brigitte Macron d’intercéder pour que son mari vienne s’asseoir sur le canapé de son émission « Une ambition intime », où elle confesse les personnalités politiques. Réponse de la première dame : « Ce n’est pas le dada d’Emmanuel Macron de conscientiser ce qu’il est, il n’écoute que des vieilles chansons et ne regarde que des vieux films. Il est plus vieux que moi ! »

Finalement, Karine Le Marchand a enregistré le 8 février une émission avec le jeune Jordan Bardella. On dit merci qui ?

« Pianiste », « Classica », « L’Avant-Scène Opéra » : ces trois revues consacrées à la musique classique, rachetées par le groupe Albin Michel en décembre, vont disparaître. Leurs équipes respectives viennent d’apprendre leur licenciement économique collectif. Constat amer de Philippe Venturini, rédacteur en chef de « Classica » (France Musique, 10/2) : « Albin Michel est une maison d’édition. La presse n’est pas leur priorité, et la musique non plus. »

De même que la musique classique n’est plus la priorité du service public, sauf quand il s’agit de resservir les mêmes têtes d’affiche lors des galas des Pièces jaunes et autres concerts du 14-Juillet…

A l’occasion de la sortie de « Code source », premier tome de son autobiographie, Bill Gates répond aux questions du « Point » (6/2) et avoue sécher sur l’énigme Elon Musk : « J’essaie de comprendre pourquoi il fait tout ce qu’il fait, et, honnêtement, je ne sais pas. Il a été sympathique à certains moments et méchant à d’autres. »

Et antipathique le reste du temps ?